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Le cercle des poètes disparus ! | |
Ginkgo de Nimes |
"Je suis un sous-doué du deuil. La peau à l'intérieur de mon cerveau est constellée de bleus qui ne s'effacent jamais."
Extrait de "Le plus petit baiser jamais recensé" de Mathias Malzieu |
Corenzo de Toulouse |
Un poème de Baudelaire appris en CM2 et dont je me souviens encore par coeur. Par sûr qu'à l'époque, j'en ai saisi toute la portée...
L'albatros Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait ! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. |
Corenzo de Toulouse |
En écho à la discussion sur l'amour...
Il n'y a pas d'amour heureux. Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n'y a pas d'amour heureux Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes Il n'y a pas d'amour heureux Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent Il n'y a pas d'amour heureux Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare Il n'y a pas d'amour heureux Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946) |
biloba de Nimes |
Mon cœur tente de manger les minutes
La mélancolie remporte alors la lutte Tu n'es pas là et tout mon être se morfond Pour une seconde près de toi oh quel bond ! Je compte le temps, ce scélérat qui sépare Les amoureux des jardins publics, des gares. Oh je voudrais que mon corps du tien hérite... Et que notre amour sans abri vite s'abrite ! Servir de cible à Cupidon et ses flèches Qui me traversent l'âme en fière calèche Assurément est le plus grand des bonheurs Je ne peux hélas m'empêcher de lire l'heure Enfin Dame Raison vient sonner à ma porte À la patience et la sérénité elle m'exhorte, Montrant du doigt tous les malheureux gens Qui de la plus belle ne sont pas l'amant... Il faut sans cesse que j'en veuille davantage Que du temps je lui reproche ses outrages ! Qui suis-je pour calomnier cette lenteur... Quand il faut simplement remercier ton cÅ“ur ! Biloba |
La-Klahss de Valence |
Un poème de Prevert, comme écrit pour moi :
Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Quand j’ai envie de rire Oui je ris aux éclats J’aime celui qui m’aime Est-ce ma faute à moi Si ce n’est pas le même Que j’aime chaque fois Je suis comme je suis Je suis faite comme ça Que voulez-vous de plus Que voulez-vous de moi Je suis faite pour plaire Et n’y puis rien changer Mes talons sont trop hauts Ma taille trop cambrée Mes seins beaucoup trop durs Et mes yeux trop cernés Et puis après Qu’est-ce que ça peut vous faire Je suis comme je suis Je plais à qui je plais Qu’est-ce que ça peut vous faire Ce qui m’est arrivé Oui j’ai aimé quelqu’un Oui quelqu’un m’a aimée Comme les enfants qui s’aiment Simplement savent aimer Aimer aimer… Pourquoi me questionner Je suis là pour vous plaire Et n’y puis rien changer. A bon entendeur, ou plutôt lecteur |
Corenzo de Toulouse |
Très joli ce poème de Prévert ; je l'ai toujours beaucoup aimé.
Toujours de Prévert ; Paris, at Night Trois allumettes une à une allumées dans la nuit La première pour voir ton visage tout entier La seconde pour voir tes yeux La dernière pour voir ta bouche Et l’obscurité tout entière pour me rappeler tout cela En te serrant dans mes bras. |
Gally de Valence |
Tiens ce matin j'ai envie de partager ce petit bijou d'un merveilleux poète disparu:
Rêver un impossible rêve Porter le chagrin des départs Brûler d'une possible fièvre Partir où personne ne part Aimer jusqu'à la déchirure Aimer, même trop, même mal, Tenter, sans force et sans armure, D'atteindre l'inaccessible étoile Telle est ma quête, Suivre l'étoile Peu m'importent mes chances Peu m'importe le temps Ou ma désespérance Et puis lutter toujours Sans questions ni repos Se damner Pour l'or d'un mot d'amour Je ne sais si je serai ce héros Mais mon cÅ“ur serait tranquille Et les villes s'éclabousseraient de bleu Parce qu'un malheureux Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé Brûle encore, même trop, même mal Pour atteindre à s'en écarteler Pour atteindre l'inaccessible étoile. M. Brel |
Corenzo de Toulouse |
Gally, La Quête est ma chanson préférée de Brel. Elle me touche beaucoup et me parle également beaucoup.
Souvenir du BAC de Français, ce poème de Baudelaire : L'homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cÅ“ur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables ! |
Tashi de Niort |
J’ai toujours ton coeur avec moi
(I Carry Your Heart With Me, 1958) J’ai toujours ton coeur avec moi Je le garde dans mon coeur Sans lui jamais je ne suis Là ou je vais, tu vas… Et tout ce que je fais par moi-même est ton fait… Je ne crains pas le destin Car tu es à jamais le mien Je ne veux pas d’autre monde, car Tu es mon monde, mon vrai… Tu es tout ce que la lune a toujours voulu dire Et tout ce que le soleil chantera C’est le secret profond que nul ne connaît C’est la racine de la racine Le bourgeon du bourgeon Et le ciel du ciel d’un arbre appelé vie Qui croît plus haut que l’âme ne saurait l’espérer Ou l’esprit le cacher… C’est la merveille qui maintient les étoiles éparses. Je garde ton coeur Je l’ai dans mon coeur. *** E.E. Cummings (1894-1962) [] 11 mars 2014 |
Luke de Orleans |
Le temps qui passe jamais ne me lasse
Toutes ces années coriaces me laissent de glace Les moments passés entre amis Chasse les doutes et l’ennui Le temps d’une pause, d’une remise en cause Je laisse les choses, les pensées moroses Se perdre dans un profond oubli Sur les livres qui n’ont pas d’écrit Alors hagard j’avance dans le noir A la recherche d’un espoir Et pour finalement ne voir dans ses yeux Que le reflet trop brillant et lumineux De mes propres incertitudes, Dont je suis en servitude De Jedi |
Gally de Valence |
Un petit souvenir d'école, où on nous apprenait discrètement à ne pas être que des moutons...
Le cancre Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le coeur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur. Jacques Prévert. |
Gally de Valence |
Un petit cadeau, Desiderata de Max Ehrmann:
Reste calme au milieu du bruit et de l’impatience et souviens-toi de la paix qui découle du silence. Autant que tu le peux, mais sans te renier, sois en bons termes avec tout le monde. Dis ce que tu penses, clairement, simplement; et écoute les autres, même les sots et les ignorants; eux aussi ont quelque chose à dire. Evite les gens grossiers et violents ils ne sont que tourments pour l’esprit. Si tu te compares aux autres, tu risques de devenir vaniteux ou amer, il y aura toujours quelqu’un de plus grand ou de plus petit que toi. Sois fier de ce que tu as fait et de ce que tu veux faire. Aime ton métier, même s’il est humble; c’est un bien précieux en notre époque trouble. Sois prudent dans tes affaires, car on pourrait te jouer de vilains tours. Mais que ceci ne te rende pas aveugle à ce qu’il y a de beau; bien des gens luttent pour un idéal et, partout sur la Terre, on fait preuve de courage. Sois toi-même, surtout dans tes affections. Fuis par-dessus tout le cynisme en amour, car il persiste même après avoir desséché ton cÅ“ur et désenchanté ton âme. Permets-toi de t’enrichir de l’expérience des ans, te défaisant progressivement de tes puérilités. Affermis-toi pour faire face aux malheurs de la vie. Mais ne te détruis pas par une imagination maladive; bien des peurs prennent naissance dans la fatigue et la solitude. Malgré la saine discipline qui s’impose, sois bon envers toi-même. Tu es un enfant de l’univers, tout comme les arbres et les étoiles: tu as le droit d’être ici. Et même si cela n’est pas clair en toi, sois assuré que tout se passe dans l’univers selon ses règles propres. Par conséquent, sois en paix avec ton Dieu, quelle que soit en toi son image. Et par-delà tes peines et tes aspirations, au milieu de la confusion de la vie, sois en paix avec ton âme. Dis-toi qu’en dépit de ses faussetés, de ses ingratitudes, de ses rêves brisés, le monde est tout de même merveilleux. Répands la bonne humeur. Et tâche d’être heureux. |
Gally de Valence |
Ce soir je fais une petite dédicace à notre Capitaine amoureux et à sa douce:
«J’ai voulu dire quelque chose qui emplissait ma bouche Et languissait de s'étendre au creux de ton oreille. Je n’ose l’écrire de peur que cela ne devienne des mots, juste des mots.» Mais de qui est-ce donc ? |
biloba de Nimes |
Poème de Viggo Mortensen, merci j'apprécie !
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Gally de Valence |
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Gally de Valence |
Love after love
Le temps viendra quand, avec exaltation, tu salueras ton arrivée à ta propre porte, dans ton propre miroir, et chacun sourira devant l'accueil de l'autre, et dira : assieds-toi là. Manges; tu aimeras à nouveau l'étranger qu'était ton être. Offres du vin. Offres du pain. Rends ton cÅ“ur à lui-même, à l'étranger qui t'a aimé toute ta vie, que tu as ignoré, pour un autre, qui te connaît par cÅ“ur. Descends les lettres d'amour de l'étagère, les photographies, les notes désespérées, détaches ta propre image du miroir. Assieds-toi. Régales-toi de ta vie. Derek Walcott |
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